Ce spectacle a été présenté le 9 juillet 2005 au cours des manifestations organisées par la ville de Cannes pour célébrer le 350ième anniversaire de la disparition du vrai Cyrano de Bergerac.
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Avec : accompagnés par la pianiste Elisabeth Cooper : la duègne, soeur Marthe Mise en scène : André Serré La Rochelle : 3 et 4 mai 2005 |
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Jacques Weber propose, de façon très originale, de donner
en condensé les moments forts de la pièce "Cyrano de
Bergerac". Des habituelles 3h30/4h de spectacle (1400 vers), on a
extrait les meilleurs moments en 1h45. Du pur elixir de Cyrano. |
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Inséparables Weber et Cyrano !
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Le théâtre est au milieu du plateau |
La servante est seule, témoin |
Jacques Weber : « Cyrano, La légende
appartient-elle à Rostand ? »
Extrait du n°43 de Cannes Soleil - Juin 2005
Cannes Soleil : Vous entretenez une relation particulière avec
l’œuvre d’Edmond Rostand. Quel regard portez-vous sur
ce chef-d’œuvre de la littérature, tout comme sur le
personnage de Cyrano de Bergerac ?
Jacques Weber : Contrairement à ce qui se dit souvent, je pense,
pour ma part, qu’il existe une véritable complémentarité
entre le personnage réel, qui a très profondément
inspiré Rostand, et le Cyrano de légende. Mais, la légende
appartient-elle réellement à Rostand ? Il est vrai que ce
dernier a apporté un substrat dramatique, forgé une mécanique
théâtrale plutôt exceptionnelle digne des plus grands
scénarios hollywoodiens, permettant de créer cette légende.
L’œuvre de Rostand recèle, par ailleurs, quelques inventions
très importantes, qui ne sont pas forcément visibles au
premier abord. Rostand débute sa pièce en affirmant qu’il
refuse le mauvais théâtre. A l’acte 1, le héros
principal interrompt ainsi une représentation théâtrale
officielle. Ceci constitue pour l’époque un geste extrêmement
violent et provocateur. A travers Cyrano de Bergerac, Rostand réinvente
également le pacte faustien, proposé par Cyrano à
Christian, et qui se caractérise essentiellement par la dualité
entre le corps et l’esprit. La tentative de réconciliation
de ces deux éléments est d’ailleurs la grande problématique
romantique, qui nous obsède toutes et tous. En dernier lieu, l’auteur
arrive à faire de la mort de Cyrano une sorte de grand chant verdien.
Ce qui est très paradoxal, c’est que le mélodrame
est à la fois quelque chose d’inutile et de nécessaire.
C’est un peu comme un cachet d’aspirine, un remède
de grand-mère dont on aura éternellement besoin. Tout cela
a grandement contribué, pour moi, à faire de Cyrano ce petit
chef d’œuvre, qui a traversé le temps et touché
de nombreuses générations.
C.S. : Et sur le vrai Savinien Cyrano de Bergerac ?
J.W. : Ce qui me bouleverse avant tout, c’est l’exigence définitive
du ”noncompromis“ qui a caractérisé le personnage
d’origine. Savinien Cyrano de Bergerac était un homme rebelle,
libertin – qui signifiait à l’époque ”épris
de liberté“ – contradictoire et paradoxal. Il revendiquait
le droit à la différence, par sa laideur, bien sûr,
mais aussi par son homosexualité. Cet aspect n’a, certes,
pas été traité dans la pièce, mais il n’en
demeure pas moins important. Il semblerait qu’il ait vécu
avec Le Bret, voire même avec quatre ou cinq hommes, ce qui était
totalement incroyable pour l’époque. Contrairement à
l’ascète qu’a créé Rostand, Savinien
Cyrano de Bergerac était, de même, un homme qui fréquentait
les tavernes et buvait souvent. Il était animé d’un
mal être évident, mais un mal être particulièrement
productif. Peut-on dire, au final, d’un homme à la vitalité
intellectuelle aussi riche et à l’imaginaire débordant
– n’oublions pas, en effet, ces travaux de fiction comme sa
relation pamphlétaire avec le monde politique – qu’il
a été un loser à la vie ratée ? Je ne pense
pas.
Weber fête Cyrano à Cannes
http://www.lepoint.fr/spectacles/document.html?did=164986
Propos recueillis par Albert Sebag
Le Point : Quel est votre premier souvenir de « Cyrano »
?
Jacques Weber : Je devais avoir 10 ans. J'étais un aficionado des
séances à 1,50 franc de la Comédie-Française.
Et j'ai en mémoire cette représentation époustouflante
avec Robert Hirsch. « Cyrano », c'est tout ce que l'on aime
: les belles femmes, les plumes, le panache... Je me souviens de m'être
dit cet après-midi-là : « Un jour, je jouerai Cyrano.
»
Le Point : Et ce jour est arrivé...
J.W. : Oui, mais il a fallu attendre 1983 pour que les droits soient enfin
libres. Jusqu'à cette date, seul le Français était
autorisé à monter la pièce. C'est donc Jérôme
Savary qui l'a mise en scène. Nous avons donné « Cyrano
» trois cents fois et ce fut un triomphe. Une période inoubliable.
Le Point : Vous étiez possédé ? Vous en rêviez
la nuit ?
J.W. : N'exagérons rien ! C'est un rôle magnifique, gourmand,
sensuel. Mais, tout au long de ma vie, j'ai eu la chance de trouver dans
ma besace d'artisan des personnages tels qu'Alceste, Dom Juan, Monte-Cristo.
Pourtant, on ne peut pas nier que Cyrano reste dans l'imaginaire collectif
le plus populaire d'entre tous. Je vais le retrouver avec plaisir à
Cannes.
Le Point : Cyrano, c'est la France ?
J.W. : Là encore, il y aurait beaucoup à dire. La bourgeoisie
a constamment récupéré le personnage de Rostand.
Mais on oublie souvent que Cyrano est un rebelle, un révolté.
Le génie français de Cyrano ne se situe pas du côté
cocardier. Il est ailleurs... C'est l'un des rares hommes à n'accepter
aucune concession, à aller toujours jusqu'au bout. Pour tout. En
cela, oui, Cyrano est un héros.
© Le Point 30/06/05 - N°1711 - Page 95
Publicité
Cyrano
http://www.citizen-cannes.net/video/projection/pubcyrano.php
Le BTS Audiovisuel de Cannes
a réalisé une publicité destinée à
la ville de Cannes pour promouvoir sa manifestion culturelle "l'Homme
de l'Année".
La publicité a été diffusée en juin et juillet
2005 sur France 3 Méditerranée
avec la participation de Jacques Weber