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A vue de nez (2005) - Cyrano (2006-2008)

Ce spectacle a été présenté le 9 juillet 2005 au cours des manifestations organisées par la ville de Cannes pour célébrer le 350ième anniversaire de la disparition du vrai Cyrano de Bergerac.

Avec :
Jacques Weber : Montfleury, Cyrano, Ragueneau, Comte de Guiche
Anne Suarez : La distributrice, Roxane
Xavier Thiam : Cyrano, Le Bret, Christian

accompagnés par la pianiste Elisabeth Cooper : la duègne, soeur Marthe

Mise en scène : André Serré

La Rochelle : 3 et 4 mai 2005
Cannes : 9 juillet 2005
Capentras, Les estivales : 23 juillet 2005
Festival de Terre-Neuve - Fontenay Le Comte (Vendée): 26 juillet 2005
Théâtre de la gaîté Montparnasse: du 13 juin 2006 au 19 août 2006
Paris en 20 lieux : du 01 Septembre 2007 au 20 Septembre 2007
En tournée du 06 Octobre 2007 au 26 Janvier 2008

 

Jacques Weber propose, de façon très originale, de donner en condensé les moments forts de la pièce "Cyrano de Bergerac". Des habituelles 3h30/4h de spectacle (1400 vers), on a extrait les meilleurs moments en 1h45. Du pur elixir de Cyrano.


Inséparables Weber et Cyrano !
André Serré - Mai 2005

LA REGLE DU JEU
Pour cette reprise de Cyrano par Jacques nous avions établi lui et moi une règle du jeu. Jacques après avoir tant joué ce personnage aurait le droit de vouloir jouer tous les personnages de La pièce.
Son avidité à tout jouer le conduisait à jouer Montfleury avec les excès qu'on lui connaît quand il se met à imiter un vieil acteur célèbre dont il vénère la mémoire, ou bien à jouer Ragueneau parce qu'il voulait absolument et goulûment nous donner la recette des tartelettes amandines. Puis la duègne, puis de Guiche dont l'interprétation dans le film de Rappeneau lui valut un César.
Très vite aussi Jacques me donna le film muet Cyrano d'Antonio Génina (1924) et j'ai découvert un trésor que nous avons voulu absolument intégrer au spectacle.
Qui dit film muet dit Pianiste d'accompagnement et si Jacques voulait pouvoir jouer tous les rôles il fallait bien qu'on puisse lui donner la réplique. Deux acteurs sont donc là.
Nous n'avons pas voulu que l'histoire soit forcément entière devant nous.
Mais nous avons voulu qu'il y ait tous les "bons morceaux", la chronologie est respectée.
L'histoire ne nous est pas racontée.
c'est une forme en "majeur" que l'on aurait transcrite en "mineur", un quatuor.

Le théâtre est au milieu du plateau
c'est un cadre de scène
tout nu
sans époque
il y aurait sûrement eu autrefois
de la dorure
il en reste des traces
mais on voit maintenant le marron
du bois
Le théâtre est devenu un bistrot
ou une buvette
il y a des tables
et des chaises
et dans un coin
un piano
quelquefois le samedi soir
quelqu'un essaie de chanter
dans un micro
vieux
mais qui nasille encore un peu
pour la nostalgie
des bouts d'un vieux film muet
accompagné au piano
et à la demande générale
la tirade des nez
les tables se remplissent de verres
et les chaises, de derrières,
on cause, on cause,
et les fantômes du théâtre
sont de retour
Montfleury est dans l'embrasure
Du rideau
On le chasse
On répète à l'aide d'une échelle
La scène du balcon

 

La servante est seule, témoin
De la tristesse d'Arras
Tout se passe en trio
parce que l'histoire de Cyrano
Est celle d'un trio
Il y a elle, Roxane
Et puis le duo
les deux en un
Histoire d'une schizophrénie
Histoire de l'impossible
De temps en temps une incartade
L'envie de dire
L'envie de jouer tous les rôles
Alors l'espace de deux scènes
De Guiche apparaît
Et puis le vieux bistrot
réapparaît
La pianiste avec sa robe à fleurs
S'essaie à une réplique
Et puis reprends son tricot
Elle volera un chou à la crème
au deuxième acte
fermera les yeux de Christian
au quatrième
sera sur Marguerite
au cinq
l'essentiel le texte
quelques images
d'une poésie volée
entre deux alexandrins
emphatiques
pour croire encore
que ce théâtre
est là et pour longtemps
peut-être.


Jacques Weber : « Cyrano, La légende appartient-elle à Rostand ? »
Extrait du n°43 de Cannes Soleil - Juin 2005

Cannes Soleil : Vous entretenez une relation particulière avec l’œuvre d’Edmond Rostand. Quel regard portez-vous sur ce chef-d’œuvre de la littérature, tout comme sur le personnage de Cyrano de Bergerac ?
Jacques Weber : Contrairement à ce qui se dit souvent, je pense, pour ma part, qu’il existe une véritable complémentarité entre le personnage réel, qui a très profondément inspiré Rostand, et le Cyrano de légende. Mais, la légende appartient-elle réellement à Rostand ? Il est vrai que ce dernier a apporté un substrat dramatique, forgé une mécanique théâtrale plutôt exceptionnelle digne des plus grands scénarios hollywoodiens, permettant de créer cette légende. L’œuvre de Rostand recèle, par ailleurs, quelques inventions très importantes, qui ne sont pas forcément visibles au premier abord. Rostand débute sa pièce en affirmant qu’il refuse le mauvais théâtre. A l’acte 1, le héros principal interrompt ainsi une représentation théâtrale officielle. Ceci constitue pour l’époque un geste extrêmement violent et provocateur. A travers Cyrano de Bergerac, Rostand réinvente également le pacte faustien, proposé par Cyrano à Christian, et qui se caractérise essentiellement par la dualité entre le corps et l’esprit. La tentative de réconciliation de ces deux éléments est d’ailleurs la grande problématique romantique, qui nous obsède toutes et tous. En dernier lieu, l’auteur arrive à faire de la mort de Cyrano une sorte de grand chant verdien. Ce qui est très paradoxal, c’est que le mélodrame est à la fois quelque chose d’inutile et de nécessaire. C’est un peu comme un cachet d’aspirine, un remède de grand-mère dont on aura éternellement besoin. Tout cela a grandement contribué, pour moi, à faire de Cyrano ce petit chef d’œuvre, qui a traversé le temps et touché de nombreuses générations.

C.S. : Et sur le vrai Savinien Cyrano de Bergerac ?
J.W. : Ce qui me bouleverse avant tout, c’est l’exigence définitive du ”noncompromis“ qui a caractérisé le personnage d’origine. Savinien Cyrano de Bergerac était un homme rebelle, libertin – qui signifiait à l’époque ”épris de liberté“ – contradictoire et paradoxal. Il revendiquait le droit à la différence, par sa laideur, bien sûr, mais aussi par son homosexualité. Cet aspect n’a, certes, pas été traité dans la pièce, mais il n’en demeure pas moins important. Il semblerait qu’il ait vécu avec Le Bret, voire même avec quatre ou cinq hommes, ce qui était totalement incroyable pour l’époque. Contrairement à l’ascète qu’a créé Rostand, Savinien Cyrano de Bergerac était, de même, un homme qui fréquentait les tavernes et buvait souvent. Il était animé d’un mal être évident, mais un mal être particulièrement productif. Peut-on dire, au final, d’un homme à la vitalité intellectuelle aussi riche et à l’imaginaire débordant – n’oublions pas, en effet, ces travaux de fiction comme sa relation pamphlétaire avec le monde politique – qu’il a été un loser à la vie ratée ? Je ne pense pas.


Weber fête Cyrano à Cannes
http://www.lepoint.fr/spectacles/document.html?did=164986
Propos recueillis par Albert Sebag
Le Point : Quel est votre premier souvenir de « Cyrano » ?
Jacques Weber : Je devais avoir 10 ans. J'étais un aficionado des séances à 1,50 franc de la Comédie-Française. Et j'ai en mémoire cette représentation époustouflante avec Robert Hirsch. « Cyrano », c'est tout ce que l'on aime : les belles femmes, les plumes, le panache... Je me souviens de m'être dit cet après-midi-là : « Un jour, je jouerai Cyrano. »

Le Point : Et ce jour est arrivé...
J.W. : Oui, mais il a fallu attendre 1983 pour que les droits soient enfin libres. Jusqu'à cette date, seul le Français était autorisé à monter la pièce. C'est donc Jérôme Savary qui l'a mise en scène. Nous avons donné « Cyrano » trois cents fois et ce fut un triomphe. Une période inoubliable.

Le Point : Vous étiez possédé ? Vous en rêviez la nuit ?
J.W. : N'exagérons rien ! C'est un rôle magnifique, gourmand, sensuel. Mais, tout au long de ma vie, j'ai eu la chance de trouver dans ma besace d'artisan des personnages tels qu'Alceste, Dom Juan, Monte-Cristo. Pourtant, on ne peut pas nier que Cyrano reste dans l'imaginaire collectif le plus populaire d'entre tous. Je vais le retrouver avec plaisir à Cannes.

Le Point : Cyrano, c'est la France ?
J.W. : Là encore, il y aurait beaucoup à dire. La bourgeoisie a constamment récupéré le personnage de Rostand. Mais on oublie souvent que Cyrano est un rebelle, un révolté. Le génie français de Cyrano ne se situe pas du côté cocardier. Il est ailleurs... C'est l'un des rares hommes à n'accepter aucune concession, à aller toujours jusqu'au bout. Pour tout. En cela, oui, Cyrano est un héros.

© Le Point 30/06/05 - N°1711 - Page 95


Publicité Cyrano
http://www.citizen-cannes.net/video/projection/pubcyrano.php
Le BTS Audiovisuel de Cannes a réalisé une publicité destinée à la ville de Cannes pour promouvoir sa manifestion culturelle "l'Homme de l'Année".
La publicité a été diffusée en juin et juillet 2005 sur France 3 Méditerranée
avec la participation de Jacques Weber